QUATRIÈME PROVINCIALE. — INTRODUCTION 240
de la chose, à laquelle l’on s’occupe, l’action avec laquelle l’on la fait n’est volontaire, comme elle est lors, qu’apres que l’entendement a veu, pesé, et consideré avec reflexion, les qualitez dudit objet, la volonté s’y porte, s’y attache, et le veut, ce qu’elle peut faire formellement, virtuellement, ou bien tacitement : formellement, quand par un acte exprés, elle appete, ou hayt, embrasse, ou bien rejette ce qui luy est representé par l’intellect, comme bon ou mauvais ; virtuellement elle est censée y consentir, quand le consentement actuel et formel, qu’elle y auroit auparavant donné, dure encore, comme il faut le croire quand on ne l’a revoqué, interrompu, ou empesché, par quelque acte qui luy seroit contraire. Le consentement est interpretatif et tacite, quand fortement l’on ne s’oppose au mal, que prudemment l’on doit apprehender qu’il ne nous gagne, et que l’on a reconnu estre en l’objet, auquel la volonté ou quelque autre faculté, se va insensiblement attachant ; par exemple, l’on s’apperçoit qu’on a en la partie superieure quelque complaisance au mal d’autruy, en l’inferieure, du dereglement, par le plaisir qu’elle y sent, lequel plaisir est pour precipiter l’homme à sa ruine, et le porter à y prester consentement, si promptement il ne le des-avoüe, soit en le mesprisant, soit en faisant quelque action qui luy soit opposée, en ce cas là, s’en dispenser, ne s’en vouloir donner la peine, c’est tacitement approuver ledit plaisir que la partie concupiscible sent, et y donner consentement, autant qu’il faut pour se couler dedans le vice, perdre Dieu, et sa grace; beaucoup plus s’il est formel, car lors la volonté veut actuellement le mal, n’estoit qu’il ne fut de consequence, comme seroit une pensée legere d’indignation, un sentiment subit et prompt de haine, et de cholere 1 [pp. 252 et 264 sq.].
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1. L’abbé Maynard, dans son édition des Provinciales, a fait grief à Pascal d’avoir écourté la citation du P. Bauny. La Sorbonne, dans sa censure, arrêtait la citation de ce passage là où Pascal l’arrête. Elle y avait supprimé quelques mots que Pascal a rétablis.
