Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/362

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256 ŒUVRES

monstrez que celles qu’on auroit crû le plus desesperément malades se portent bien. O la bonne voye pour estre 1 heureux en ce monde et en l’autre ! J’avois toûjours pensé qu’on 2 pechast d’autant plus, qu’on pensoit le moins à Dieu : Mais à ce que je vois quand on a pu gaigner une fois sur soy de n’y plus penser du tout, toutes choses deviennent pures pour l’avenir. Point de ces pecheurs à demy, qui ont quelque amour pour la vertu : Ils seront tous damnez ces demy pecheurs. Mais pour ces francs pecheurs, pecheurs endurcis, pecheurs sans meslange, pleins et achevez, l’Enfer ne les tient pas : Ils ont trompé le Diable à force de s’y abandonner.

Le bon Pere qui voyoit assez clairement la liaison de ces consequences avec son principe, s’en eschapa adroitement, et sans se fascher, ou par douceur ou par prudence, il me dit seulement. Afin que vous entendiez comment nous sauvons ces inconveniens, sçachez que nous disons bien, que ces impies dont vous parlez seroient sans peché s’ils n’avoient jamais eu de pensées de se convertir, ny de desirs de se donnera Dieu. Mais nous soutenons qu’ils en ont tous : et que Dieu n’a jamais laissé pecher un homme sans luy donner auparavant la veuë du mal qu’il va faire, et le desir, ou d’eviter le peché, ou au moins d’implorer son assistance pour le pouvoir eviter, et il n’y a que les Jansenistes qui disent le contraire 3 .

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1. P. [bienheureux].

2. B. [pechoit].

3. Cf. pour tous ces développements l’ Apologie pour les Saints Pères , supra p. 233 sq.