Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/424

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308 ŒUVRES

ment. Mais s’il s’est fatigué exprez pour estre par là dispensé du jeusne, y sera-t’il tenu ? Encore qu’il ait eu ce dessein formé, il n’y sera point obligé. Et bien, l’eussiez-vous creu, me dit-il : En verité mon Pere, luy dis-je, je ne le croy pas bien encore. Et quoy n’est-ce pas un peché de ne pas jeusner quand on le peut? Et est-il permis de rechercher les occasions de pecher ; ou plustost n’est-on pas obligé de les fuïr? Cela seroit assez commode. Non pas tousjours, me dit-il, c’est selon 1 . Selon quoy luy dis-je. Hoho. repartit le Pere : Et si on recevoit quelque incommodité en fuyant les occasions, y seroit-on obligé, à vostre avis? Ce n’est pas au moins celuy du P. Bauny que voicy 2 : On ne doit pas refuser l’absolution à ceux qui demeurent dans les occasions prochaines du peché, s’ils sont en tel estat qu’ils ne puissent les quitter sans donner sujet au monde de parler ou sans qu’ils en receussent eux-mesmes de l’incommodité. Je m’en réjoüis, mon Pere ; il ne reste plus qu’à dire qu’on peut rechercher les occasions de propos delibéré, puis qu’il est permis de ne ne les pas fuïr. Cela mesme est aussi quelquefois permis, adjousta-t’il : Le celebre Casuiste Bazile Ponce l’a dit, et le P. Bauny le cite et approuve son sentiment que voicy dans le Traité de la Penitence q. 3 [14].

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1. Pascal semble railler cette locution. Richelet cite ce passage et celui de Molière, Tartuffe (vers 418). Littré ajoute un exemple tiré de Boursault.

2. P AB. [Pa. 1084] — Cette citation est indiquée par Arnauld, cf. supra p. 277. Cf. ce texte de Bauny, supra p. 278.

3. Toutes les éditions et Wendrock, par erreur [4]. — Cf. ce texte de Bauny, infra T. V, p. 230 sq.