Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/70

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LII INTRODUCTION

matières de morale et de religion; mais l’usage qu’il convient d’en faire, c’est d’aller de l’incertain au certain, en choisissant l’acte qui doit mettre la conscience à l’abri : « L’ardeur des saints à chercher le vray estoit inutile, si le probable est seur. La peur des saints qui avoient tousjours suivy le plus seur (sainte Thérèse ayant toujours suivy son confesseur) 1 . »

Le confesseur, selon Pascal manque au devoir de sa fonction lorsqu’il abuse des formules accommodantes de la théologie, comme s’il pouvait intercepter Dieu. Il a pour tâche essentielle, au contraire, d’inviter le fidèle et de l’aider à pénétrer dans les retraites inexplorées de la conscience, de mettre dans l’âme la crainte et le tremblement qui accompagnent l’œuvre du salut, de faire sentir la menace perpétuelle du jugement et la perpétuelle nécessité de la Rédemption. Plus les Jésuites, pour leur défense, invoqueront Aristote, Cujas et le sens commun, plus Pascal se convaincra qu’ils vont à rebours de cette science du cœur qui est toute dans l’Evangile. Comment songe-t-on à prendre pour modèle la philosophie des Grecs et le droit des Romains, alors qu’il s’agit de prouver la charité de Jésus par l’inquiétude du scrupule et par la sincérité de la pénitence ?


D. — La causalité divine.

De ce point de vue se découvre entre les diverses Provinciales, lettres sur la théologie morale et lettres sur la théologie de la grâce, l’unité que Pascal a marquée d’un trait si net dans ses notes intimes : « Il y a une seule heresie qu’on explique differemment dans l’Eglise

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1. Pensées, fr. 917, T. III, p. 340.