Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/81

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Est-ce à dire que la conduite de Pascal soit à l’abri de toute critique ? Il est clair qu’en ouvrant solennellement et publiquement le concours il prenait l’attitude d’un juge, ce qui lui imposait d’être infaillible et rigoureusement impartial.

Or il s’est trouvé que des six problèmes mis au concours par Pascal au mois de juin 1658, quatre, à son insu, avaient été déjà résolus depuis longtemps par Roberval. Lorsqu’il eut connaissance de cette circonstance, Pascal décida de ne juger les concurrents que sur la 5e et la 6e question. Mais il eut le tort de ne pas leur déclarer d’une façon explicite la modification qu’il apportait à son programme ; il leur reprocha de marcher sur les brisées de Roberval, alors que lui-même ignorait à l’origine les travaux de l’ami de son père. Pascal agit imprudemment d’autre part lorsqu’il reçut lui-même, à la place de Carcavi, les lettres de Wallis et de Lalouère : il leur répondit sous son nom, n’avouant pas qu’il était l’instigateur anonyme du concours, mais le faisant entendre assez clairement, et paraissant ainsi être à la fois juge et partie.

D’autre part, qui pourrait dire que Pascal n’a pas dépassé, dans des appréciations qu’il rendait publiques, ce point dont on ne peut sortir, selon lui, sans sortir de la vérité et de la justice ?

Il abusa de l’ironie dans ses écrits polémiques, de la finesse lorsqu’il manœuvra de façon à amener Lalouère à se découvrir ; suivant l’expression d’un de ses récents historiens, M. le lieutenant Perrier[1], il fut trop habile. [2]

  1. Apud Hatzfeld, Pascal, 1901, p. 182.
  2. vertes. Le malheur est que Lalouère ne persista pas dans le silence. Il envoya successivement à Paris plusieurs échantillons de son travail qui contenaient des fautes assez graves, ainsi qu’il en convint lui-même.