Page:Œuvres de Blaise Pascal, V.djvu/157

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HUITIÈME PROVINCIALE 141

Les voicy, me dit-il ; et en mots propres ; car vous sçavez qu’il a fait son livre de la Somme des pechez en françois, pour estre entendu de tout le monde 1, comme il le dit dans la preface. Celuy à qui on demande de l’argent respondra 2 donc en cette sorte : Je n’ay point d’argent à prester ; si ay bien à mettre à profit honneste et licite. Si desirez la somme que demandez pour la faire valoir par vostre industrie à moitié gain, moitié perte, peut estre m’y resoudray-je. Bien est vray qu’à cause qu’il 3 y a trop de peine à s’accommoder pour le profit, si vous m’en voulez assurer un certain, et quant et quant aussi mon sort principal, qu’il ne coure fortune, nous tomberions bien plustost d’accord ; et vous feray toucher argent dans cette heure. N’est-ce pas là un moien bien aisé de gaigner de l’argent sans pecher? Et le P. Bauny n’a-t’il pas raison de dire ces paroles, par lesquelles il conclut cette methode. Voila à mon avis, le moien par lequel quantité de personnes dans le monde, qui par leurs usures, extorsions, et contracts illicites, se provoquent la juste indignation de Dieu, se peuvent sauver en faisant de beaux, honnestes, et licites profits .

O mon Pere, luy dis-je, voila des paroles bien puissantes 4 ! Je vous proteste que si je ne sçavois

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1 . Cette citation ne se trouve pas dans la préface de la seconde édition. Nous n’avons pas trouvé le premier tirage. Cf. les autres citations, supra p. 120 sq.

2. P. donc, manque,

3. B. y, manque.

4. W. Hic ego; magnam.,. et penè magicam istorum verborum