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HUITIÈME PROVINCIALE 143

vous l’expliquera au tr. 3. ex. 3. n. 36 1. Le contract Mohatra est celuy par lequel on achette des estoffes cherement et à credit, pour les revendre au mesme instant à la mesme personne argent comptant et à bon marché. Voila ce que c’est que le contract Mohatra, par où vous voyez qu’on reçoit une certaine somme comptant, en demeurant obligé pour davantage. Mais, mon Pere, je croy qu’il n’y a jamais eü qu’Escobar, qui se soit servi de ce mot là : y a-t’il d’autres livres qui en parlent ? Que vous sçavez peu les choses, me dit le Pere. Le dernier livre de Theologie Morale, qui a esté imprimé cette année mesme à Paris, parle du Mohatra, et doctement. Il est intitulé Epilogus summarum 2 . C’est un abrégé de toutes les Sommes de Theologie, pris de nos Peres Suarez, Sanchez, Lessius, Fagundez, Hurtado, et d’autres casuistes celebres, comme le titre le dit. Vous 3 y verrez donc en la page 54. Le Mohatra est quand un homme qui a affaire de vingt pistoles, achette d’un Marchand des estoffes pour trente pistoles, payables dans un an, et les luy revend à l’heure mesme pour vingt pistoles comptant. Vous voyez bien par là que le Mohatra n’est pas un mot inoüy. Et bien, mon Pere, ce contract là est-il permis ? Escobar, répondit le Pere, dit au mesme lieu, qu’il y a des loix qui le

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1. W. ne donne pas la référence. — Cf. ce texte d’Escobar, supra p. 124 sq.

2. N’ayant pu trouver ce livre, nous donnons la citation d’après Wendrock, cf. supra p. 134 et la note.

3. P. y, manque.