Page:Œuvres de Blaise Pascal, V.djvu/166

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pourquoy les plus celebres de nos Peres decident formellement que ce qu’un juge prend d’une des parties qui a mauvais droit, pour rendre en 1 sa faveur un arrest injuste, et ce qu’un soldat reçoit pour avoir tué un homme, et ce qu’on gagne par les crimes infames, peut estre legitimement retenu. C’est ce qu’Escobar ramasse de nos auteurs, et qu’il assemble au tr. 3. ex. I . n. 28 2. où il fait cette regle generale. Les biens acquis par des voyes honteuses, comme par un meurtre, une sentence injuste, une action deshonneste, etc. sont legitimement possedez, et on nest point obligé à les restituer. Et encore au tr. 5. ex. 5. n. 53. On peut disposer de ce qu’on reçoit pour des homicides, des 3 arrests injustes, des pechez infames, etc. parce que la possession en est juste, et qu’on acquiert le domaine et la proprieté des choses que l’on y gagne. O mon Pere, luy dis-je, je n’avois jamais oüy parler de cette voye d’acquerir, et je doute que la justice l’autorise, et qu’elle prenne pour un juste titre l’assassinat, l’injustice, et l’adultere. Je ne sçay, dit le Pere, ce que les livres du droit en disent : mais je sçay bien que les nostres qui sont les veritables regles des consciences en parlent comme moy. Il est vray qu’ils en exceptent un cas auquel ils obligent à restituer. C’est quand on a receü de l’argent de ceux qui n’ont pas le pouvoir de disposer de leur bien, tels que sont les enfans de famille, et

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1. P. sa, manque.

2. Cf. ce texte d’Escobar et ceux qui suivent, supra p. 128 sq. et 126.

3. B. [sentences].