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154 ŒUVRES

le procez à celuy qui n’a pas bon droit. Mais quand on a bon droit, voulez vous qu’on achette encore le gain de sa cause qui est deü legitimement ? Vous n’avez pas de raison. Ne comprenez vous pas que le Juge doit la justice, et qu’ainsi il ne la peut pas vendre : mais qu’il ne 1 doit pas l’injustice ; et qu’ainsi il peut en recevoir de l’argent. Aussi tous nos principaux auteurs comme Molina disp. 94. et 99 2. Reginaldus l. 10. n. 184. 185. et 3 178. Filiutius tr. 31. n. 220. et 228. Escobar tr. 3. ex. I. n. 21. et 23. Lessius l. 2. c. 14. d. 8. n.4 52. enseignent tous uniformément, Qu’un juge est bien obligé de rendre ce qu’il a receü pour faire justice ; si ce n’est qu’on le luy eust donné par liberalité ; mais qu’il n’est jamais obligé à rendre ce qu’il a receü d’un homme en faveur duquel il a rendu un arrest injuste.

Je fus tout interdit par cette fantasque decision ;

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1. P. [craint], erreur évidente.

2. Les renvois au texte de Molina sont faux. La 5e Imposture cite des passages où Molina déclare que les Juges qui reçoivent des présents pèchent mortellement, et le P. Nouet y distingue le droit positif et le droit de nature. « Toutesfois Filiucius et Molina ne parlent que du droit de nature, asseurans que s’il n’y avoit point de loy positive, qui leur defendist de recevoir des presens, seclusâ lege positivâ id prohibente, comme dit Filiucius tract. 31. n. 218. ils ne seroient pas tenus de les restituer par le droict naturel. » Nicole répond longuement dans sa note I : « De la dispense que les Jésuites donnent aux Juges de restituer ce qu’ils ont reçu pour rendre des jugements injustes. »

3. A. par erreur: [187]. — Cf. le texte de Regnault, supra p. 130 sq. ; celui de Filliucci, supra p. 131 ; ceux d’Escobar, supra p. 123 sq.

4. W. renvoie, avec raison, au n. [55] et au n. [64]. — Cf. ce texte de Leys, supra p. 128 sq.