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166 ŒUVRES

de railleries qui ne se trouve dans ses Lettres, afin de servir au divertissement de toutes sortes de personnes. Il y en a de subtiles pour délasser les bons esprits, d’utiles pour interesser les riches, de basses pour amuser les valets et les servantes, d’impies pour contenter les libertins, de sacrileges pour faire danser les sorciers au sabath. Or vous sçavez qu’un Prestre, un Ecclesiastique n’eust pas osé se donner cette liberté. .... D’ailleurs la Theologie des mœurs estant une science sacrée, il estoit apparemment impossible qu’il donnast aux gens de bien un juste sujet de le soupçonner d’impiété, en se mocquant des choses du monde les plus saintes.

....Enfin qui seroit si peu raisonnable que de vouloir reformer tous les Prestres et tous les Ecclesiastiques sur les Lettres d’un Gaillard, qui confesse luy-mesme qu’il ne tient aucun rang dans l’Eglise, que d’une brebis égarée qui s’est rangée au Port-Royal pour effacer ses péchez en riant des fautes d’autruy 1 .

III. — SOURCES

Pascal s’est ici encore inspiré de la Théologie Morale d’Arnauld, et de quelques écrits antérieurs composés par ses amis.

A. — OUVRAGES VISÉS PAR LA THEOLOGIE

MORALE D’ARNAULD.

[ARNAULD]. — Théologie Morale.

p. 2, n. IV. Garasse 2, dont leur Bibliothèque (composée par

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1. Une allusion à Port-Royal se trouvait déjà dans cette même lettre, où l’auteur parle des « grâces du Ciel si efficaces et si extraordinaires » qui permettent aux « disciples de Saint Augustin » de « devenir Theologiens soudain qu’ils ont appris au Port-Royal à mettre des souliers en forme ». Sur l’histoire des souliers, déjà vieille alors, cf. Sainte-Beuve, Port-Royal, 5e édition, T. I, p. 500 sq., n. I et T. II, p. 235.

2. François Garasse, jésuite français (1584-1631), mort à Poitiers en soignant les pestiférés ; son livre était intitule : La Somme Theolo-