ONZIÈME PROVINCIALE. — INTRODUCTION 281
contre les livres du Père Hérault et d’autres Casuistes, et les attaques de l’Université de Paris, ils ajoutent :
« Mais environ ce mesme tems, et encore depuis on a imprimé et publié plusieurs recueils plus amples où l’on a ramassé quantité de propositions detestables que l’on y attribue aux Casuistes mesme les plus celebres.
« C’est, Monseigneur, ce qui nous a donné occasion de rechercher nous mesmes, le plus exactement qu’il nous a esté possible, s’il se trouvoit dans les livres de ces Auteurs des doctrines si pernicieuses, que celles qui sont alleguées dans ces recueils.
« La charge de Pasteurs que nous exerçons dans l’Eglise sous nostre autorité, et l’obligation que nous avons d’empescher que les ames qui nous sont commises ne soient infectées de ce venin, et que les Prestres qui administrent le Sacrement de Penitence dans nos Parroisses ne prennent pour regle ces maximes dangereuses et ne s’en servent dans les Confessionnaux, nous ont portez tous à ce dessein ; et nous avons d’un mesme esprit et d’un mesme cœur consulté les livres que nous avions en main, où nous avons trouvé un grand nombre de propositions fausses, dangereuses et detestables, dont nous avons dressé un extrait fidele, que nous presentons à vostre Grandeur pour en obtenir la Censure.
« Comme ce mal est maintenant si public, qu’on ne peut ny le cacher ny le dissimuler, il semble qu’il soit temps d’y donner un remede efficace. Car à moins que l’autorité Episcopale intervienne pour condamner ces malheureuses propositions, ceux du peuple qui en ont connoissance pourroient se persuader faussement que ces opinions estant enseignées par des Docteurs Catholiques, et estant tolerées dans l’Eglise, elles ne sont point mauvaises, et qu’on les peut suivre en seureté de conscience, ce qui seroit capable de produire de tres-mauvais effets, s’il n’y estoit promptement pourveu. Car les gens de bien en demeureroient tousjours scandalisez et les Libertins en prendroient occasion de pecher avec plus d’insolence, et les heretiques continueroient d’en tirer avan-
