Page:Œuvres de Blaise Pascal, V.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

312 ŒUVRES

ayant dit la mesme chose, adjoute, que cette ironie estait deuë à sa sotte credulité, et que cette espece de raillerie est une action de justice, lorsque celuy envers qui on en use l’a meritée.

Vous voyez donc, mes Peres, que la moquerie est quelquefois plus propre à faire revenir les hommes de leurs égaremens, et qu’elle est alors une action de justice; parceque, comme dit Jeremie 1, les actions de ceux qui errent sont dignes de risée à cause de leur vanité : Vana sunt et risu digna. Et c’est si peu une impieté de s’en rire, que c’est l’effet d’une sagesse divine selon cette parole de S. Augustin 2. Les sages rient des insensez parcequ’ils sont sages, non pas de leur propre sagesse, mais de cette sagesse divine qui rira de la mort des méchans.

Aussi les Prophetes remplis de l’esprit de Dieu ont usé de ces moqueries, comme nous voyons par les exemples de Daniel et d’Elie 3. Enfin 4 les discours de JESUS-CHRIST mesme n’en sont pas sans exemple: et S. Augustin remarque 5, que quand il

______________________________________________________________

1. W. cap. 51. 18. — Cf. cette citation, supra pp. 285 et 289.

2. W.... Hæc illudi adeo impium non est, ut id asserat Augusti- nus de Verbis Domini serm. 22. cap. 8. divinæ esse sapientiæ munus et propterea fatuas virgines his verbis à sapientibus irrisas doceat : Ne forte non suffîciat nobis et vobis, ite potiùs ad vendentes et emite vobis. Non consulentium, inquit, sed irridentium ista responsio. Quare irridentium ? Quia sapientes erant, quia sapientia erat in illis. Non enim sapientes de suo erant, sed illa in illis erat sapientia, de qua scriptum est : Et ego vestræ perditioni superridebo (Cf. serm. 93. c. II. de l’édition des Bénédictins).

3. Cf. ces exemples dans la lettre d’Arnauld, supra p. 285.

4- B. [il s’en trouve des exemples dans] les discours.

5. W. tractat. 12. in Joan. — Cf. cette citation, supra p. 290.