Page:Œuvres de Blaise Pascal, V.djvu/368

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352 ŒUVRES

Comparez, je vous prie, la veritable doctrine de ce Pere, avec celle qu’on luy reproche, et dites-moy avec quel front, si ce n’est celuy d’un Janseniste, on peut écrire de si grandes faussetez : dites-moy si du Moulin a jamais falsifié et corrompu le sens des Autheurs Catholiques avec plus de supercherie ; dites-moy enfin si l’on peut lire sans indignation ces paroles pleines d’artifice et de malice : Comment, mon Pere, par quelle étrange charité voulez-vous que ces biens demeurent plûtost à celuy qui les a volez par ses concussions pour le faire subsister avec honneur, qu’à ses creanciers, à qui ils appartiennent legitimement, et que vous reduisez par là dans la pauvreté.

ADVERTISSEMENT AUX JANSENISTES. — On demande par quelle étrange charité les Jansenistes pratiquent en secret ce qu’ils blasment en public, appliquant les restitutions, qu’ils font faire, non pas aux creanciers, qu’ils reduisent par là dans la pauvreté; mais à leur parti pour le faire subsister, non avec honneur, mais à l’opprobre de la Religion, et au scandale de tous les fideles. Qu’ils sçachent donc qu’il est faux que Lessius et les Jesuites enseignent que l’on puisse frustrer injustement les creanciers ; mais qu’il n’est que trop public que les Jansenistes le pratiquent, et qu’ils ne pourroient pas subsister comme ils font, ni faire de si prodigieuses dépenses, s’ils ne s’aidoient de ces malheureuses pratiques [15e Pr. T. VI, p. 209].

III. — LA DOUZIÈME PROVINCIALE

Arnauld et Nicole travaillèrent à réfuter ces Impostures, si l’on en croit le Journal de Saint-Gilles, et ce fut Pascal qui utilisa dans sa douzième Provinciale les matériaux qu’on lui fournit. Selon Goujet, Nicole donna le plan de cette lettre à l’hôtel des Ursins; selon Fouillou, il la revit chez M. Hamelin où il demeurait avec Arnauld. La publication doit avoir été rapide, puisque, le 17 septembre, Arnauld écrit à son frère, l’évêque d’Angers : « On a donné les douze lettres à la Reine de Suede. Elle les receut avec joie ; mais nous ne sçavons pas encore le jugement qu’elle en a fait ; car ce ne fut