En verité, mes Peres, voilà le moyen de vous
faire croire jusqu'à ce qu'on vous réponde ; mais
c'est aussi le moyen de faire qu'on ne vous croye
jamais plus, apres qu'on vous aura répondu. Car
il est si vray que vous mentiez alors, que vous ne
faites aujourd'huy aucune difficulté de reconnoistre
dans vos Réponses, que cette maxime est dans le
P. Bauny au lieu mesme qu'on avoit cité : et ce qui
est admirable, c'est qu'au lieu qu'elle estoit detestable
il y a 12. ans, elle est maintenant si innocente,
que dans vostre 9. Impost. p. 10 ¹. vous m'accusez
d'ignorance et de malice, de quereller le P. Bauny
sur une opinion qui n'est point rejettée dans l'Escole.
Qu'il est avantageux, mes Peres, d'avoir affaire à ces gens qui disent le pour et le contre. Je n'ay besoin que de vous mesmes pour vous confondre. Car je n'ay à monstrer que deux choses : L'une, que cette maxime ne vaut rien : l'autre, qu'elle est du P. Bauny; et je prouveray l'un et l'autre par vostre propre confession. En 1644. vous avez reconnu qu'elle est detestable; et en 1656. vous avoüez qu'elle est du P. Bauny. Cette double reconnoissance me justifie assez, mes Peres. Mais elle fait plus : elle découvre l'esprit de vostre Politique. Car, dites-moy je vous prie, quel est le but que vous vous proposez dans vos escrits ? Est-ce de parler avec sincerité ? Non, mes Peres, puis que vos réponses s'entre destruisent. Est-ce de suivre la verité
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1. Cf. cette neuvième Imposture, supra p. 180 sq.