Page:Œuvres de Blaise Pascal, VI.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
ŒUVRES

les jours de resjoüissance, dit l'Escriture[1], jusqu'à ce que la promesse que Jesus-Christ nous a faite de rendre sa joye pleine en nous[2] soit accomplie. Ne nous laissons donc pas abattre à la tristesse, et ne croyons pas que la pieté ne consiste qu'en une amertume sans consolation. La veritable pieté qui ne se trouve parfaite que dans le ciel, est si pleine de satisfactions qu'elle en remplit et l'entrée et le progrez et le couronnement. C'est une lumiere si eclatante, qu'elle rejaillit sur tout ce qui luy appartient ; et s'il y a quelque tristesse meslée, et sur tout à l'entrée, c'est de nous qu'elle vient et non pas de la vertu ; car ce n'est pas l'effet de la pieté qui commence d'estre en nous, mais de l'impiété qui y est encore[3]. Ostons l'impieté, et la joye sera sans melange. Ne nous en prenons donc pas à la devotion, mais à nous-mesmes, et n'y cherchons du soulagement que par nostre correction....

  1. Ecclesiastic. XI, 27 : In die bonorum ne immemor sis malorum: et in die malorum ne immemor sis bonorum. — Cette citation est reprise dans la lettre VIII, cf. infra p. 298.
  2. Joan. XVI, 24:... petite, et accipietis, ut gaudium vestrum sit plenum.
  3. Cf. Pensées, fr. 498, T. II, p. 397.