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EXTRAIT D'UNE LETTRE DE BLAISE PASCAL
A Mr ET A Mlle DE ROUANNEZ
VIII. (olim : 7)


[Decembre 1656(?) [1] ]


...Je suis bien aise de l’esperance que vous me donnez du bon succez de l’affaire dont vous craignez de la vanité. Il y a à craindre partout, car si elle ne reüssissoit pas, j’en craindrois cette mauvaise tristesse dont S. Paul dit qu’elle donne la mort [2], au lieu qu’il y en a [3]une autre qui donne la vie. Il est certain que cette affaire-là estoit epineuse, et que si la personne en sort[4], il y a sujet d’en prendre quelque vanité ; si ce n’est à cause qu’on a prié Dieu pour cela, et qu’ainsi il doit croire que le bien qui en viendra sera son ouvrage. Mais si elle reüssissoit mal, il ne devroit pas en tomber dans l’abattement, par cette mesme raison qu’on a prié Dieu pour

  1. La date de cette lettre est très incertaine. Nous savons seulement, d’après une citation qui s’y trouve reproduite, qu’elle est postérieure à la lettre VI.
  2. II Cor. VII, 10 : Quæ enim secundùm Deum tristitia est, pœnitentiam in salutem stabilem operatur : sæculi autem tristitia mortem operatur.
  3. Ms. de l’Oratoire : [un].
  4. Ne s’agirait-il pas du projet qu’avait le duc de Rouannez de vendre son gouvernement ? Le texte de la lettre est si vague qu’il permet seulement d’indiquer cette conjecture.