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DIX SEPTIÈME PROVINCIALE. — INTRODUCTION


de destruire ce reproche ordinaire d'heresie, dont vous remplissez tous vos livres.

Il est temps que j'arreste une fois pour toutes cette hardiesse que vous prenez de me traitter d'heretique, qui s'augmente tous les jours. Vous le faites dans ce livre que vous venez de publier, d'une maniere qui ne se peut plus souffrir, et qui me rendroit enfin suspect, si je ne vous y répondois comme le merite un reproche de cette nature. J'avois méprisé cette injure dans les écrits de vos confreres, aussi bien qu'une infinité d'autres qu'ils y meslent indifferemment. Ma 15. lettre y avoit assez répondu¹ : mais vous en parlez maintenant d'un autre air : vous en faites serieusement le capital de vostre deffense ; c'est presque la seule chose que vous y employez. Car vous dites, Que pour toute réponse à mes 15. lettres, il suffit de dire 15. fois que je suis heretique ; et qu'estant declaré tel, je ne merite aucune creance² .

Enfin vous ne mettez pas mon apostasie en question ; et vous la supposez comme un principe ferme, sur lequel vous bastissez hardiment. C'est donc tout de bon, mon Pere, que vous me traitez d'heretique ; et c'est aussi tout de bon que je vous y vas répondre.

Vous sçavez bien, mon Pere, que cette accusation est si importante, que c'est une temerité insupportable de l'avancer, si on n'a pas dequoy la prouver.

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1. On trouve dans le manuscrit autographe ces mots : « Apres ma 8e , je croyois avoir assez repondu » (Pensées, fr. 30, T. I, p. (40).

2. Sur cet écrit d'Annat, cf. supra p. 312.