n'est pas une heresie, quoy que ce puisse estre une
temerité, que de ne pas croire certains faits
particuiers : parceque ce n'est qu'opposer la raison qui
peut estre claire, à une autorité qui est grande, mais
qui en cela n'est pas infaillible.
C'est ce que tous les Theologiens reconnoissent, comme il paroist par cette maxime du Cardinal Bellarmin de vostre Societé¹ : Les Conciles generaux et legitimes ne peuvent errer en definissant les dogmes de foy ; mais ils peuvent errer en des questions de fait. Et ailleurs² : Le Pape comme Pape, et mesme à la teste d'un Concile universel, peut errer dans les controverses particulieres de fait, qui dépendent principalement de l'information et du témoignage des hommes. Et le Cardinal Baronius³ de mesme : II faut se soùmettre entierement aux decisions des Conciles dans les points de foy ; mais pour ce qui concerne les personnes et leurs écrits, les censures qui en ont esté faites ne se trouvent pas avoir esté gardées avec tant de rigueur, parce qu'il n'y a personne à qui il ne puisse arriver d'y estre trompé. C'est aussi pour cette raison que M. l'Archevesque de Toulouse a tiré cette regle des lettres de deux grands papes S. Leon, et Pelage II. Que le propre objet des Conciles est la foy, et que tout ce qui s'y resout hors³ la foy , peut estre reveü
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1. W. de Summo Pontif. lib. 4. cap. II . — Ces citations sont empruntées à Arnauld, cf. supra p. 331 sqq.
2. W. cap. 2.
3. W. ad an. 681. n. 39. — Cf. ce texte dans Arnauld, supra p. 332.
A. P'AB. [de]. — Cf. la citation dans Arnauld, supra p. 328 sq.