Page:Œuvres de Blaise Pascal, X.djvu/432

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Enfin il fallait autrefois sortir du monde pour être reçu dans l’Église.

Au lieu qu’on entre aujourd’hui dans l’Église en même temps que dans le monde.

On connaissait alors par ce procédé une distinction essentielle du monde avec l’Église.

On les considérait comme deux contraires, comme deux ennemis irréconciliables, dont l’un persécute l’autre sans discontinuation, et dont le plus faible en apparence doit un jour triompher du plus fort. En sorte que [de] ces deux partis contraires on quittait l’un pour entrer dans l’autre ; on abandonnait les maximes de l’un, pour embrasser les maximes de l’autre ; on se dévêtait des sentiments de l’un, pour se revêtir des sentiments de l’autre.

Enfin on quittait, on renonçait, on abjurait le monde où l’on avait reçu sa première naissance, pour se vouer totalement à l’Église où l’on prenait comme sa seconde naissance : et ainsi on concevait une différence épouvantable entre l’un et l’autre, au lieu qu’on se trouve maintenant presque au même moment dans l’un et dans l’autre ; et le même moment qui nous fait naître au monde, nous fait renaître dans l’Église. De sorte que la raison survenant ne fait plus de distinction de ces deux mondes si contraires. Elle s’élève dans l’un, et dans l’autre tout ensemble. On fréquente les Sacrements,