Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/120

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monde de Pascal, comme on ferait pour le monde de Malebranche ou de Spinoza, de Schopenhauer ou de Hegel.

la vérité

À la base du monde intellectuel, est l’affirmation delà « grandeur » et de la « dignité » que la pensée donne à l’homme. La pensée tend au vrai ; elle ne pourra se reposer que dans la sécurité d’une possession légitime. Aussi lui faut-il la vérité intégrale et irrécusable. Pour décider si l’homme est capable de l’atteindre, il importe donc de savoir quelle serait cette vérité, par quelle méthode elle se formerait. Une telle description n’aura peut-être qu’une valeur idéale ; tout au moins elle nous fournira les conditions que la raison requiert avant de se déclarer convaincue. Ces conditions, Pascal les détermine avec une rigoureuse précision dans les Réflexions sur la géométrie qui paraissent postérieures à sa conversion définitive. « Le véritable ordre » qui seul satisferait la raison, la méthode d’infaillibilité d’où sortirait la certitude absolue, consiste à « définir tous les termes et à prouver toutes les propositions. » Sur ce principe repose l’idée maîtresse qu’il se fait de la vérité, le critérium auquel il va mesurer toutes les tentatives effectives de l’homme pour parvenir au vrai.

Or parmi ces tentatives la géométrie doit être considérée la première ; c’est elle qui présente de l’art de définir et de l’art de démontrer l’exemple le plus accompli, c’est sur elle que toutes les autres sciences humaines doivent prendre modèle. « Ce qui passe la géométrie nous surpasse. » Cependant la géométrie ne satisfait pas d’une manière complète aux exigences de la méthode ra-