Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/183

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commettre ni celui qui en était l’auteur, ni sa mémoire. Il me dit : Voilà qui est bien ; qui sont les approbateurs ? Je les lui nommai ; il dit : « Ce sont de fort honnêtes gens ; je suis assuré, continua-t-il, que M. l’abbé le Camus n’y aura rien laissé passer que de fort à propos. Voyons un peu son approbation. » Il la lut tout au long et la trouva bien écrite et bien d’un homme de qualité ; et après avoir regardé dans le livre le nom de tous les approbateurs, il dit en branlant la tête : « Hum ! hum ! voilà de leurs gens. » Je lui dis qu’il pouvait bien voir qu’on ne les avait point affectés. Puis il commença à dire : ce C’est un grand fait que ces gens-là ne sauraient s’empêcher de parler de leurs grâces. Une chose où il faut dire O altitudo, ils la veulent faire passer pour article de foi, et ils regardent comme des hérétiques ceux qui ne la croient pas comme eux. » — À cela je ne lui répondis rien.. Il me dit ensuite : ce J’ai une chose qui pourrait bien servir à faire vendre votre livre, et qui serait bonne à mettre au commencement. » — Je lui dis que je ne savais pas ce que c’était, ce C’est, me dit-il, un témoignage par écrit qu’a rendu le curé de Saint-Étienne, de l’esprit dans lequel est mort M. Pascal. » Je lui dis qu’il n’était pas encore venu jusqu’à moi. — « Il faut, me dit-il, que je vous le montre. » Il s’en alla dans son cabinet le prendre et me laissa avec son aumônier, lequel me dit : ce Ce témoignage que vous va faire voir M. l’archevêque contribuerait beaucoup au débit de votre livre, il ne ferait au plus qu’un petit carton lequel on pour rait mettre au commencement. Je lui répondis que je ne pouvais pas ajouter une panse d’À sans votre permission. Il me dit que cela était juste et d’un fort honnête homme. M. l’Archevêque revint sur ses pas et le peu de temps qu’il fut me fit croire que le témoignage était toujours sur sa table pour le montrer à tous venants, comme le rouleau de parchemin sur lequel on fait signer la censure de M. Arnauld est toujours sur la table du syndic de la faculté. Il vint donc à, moi avec ce papier à la main. — « Tenez, M. Desprez, me dit le prélat, lisez. » — Je pris donc ce papier fort respectueusement et le lut. Il contenait en substance que feu M. Pascal deux ans avant sa mort s’était séparé de ces Mes sieurs à cause qu’ils étaient trop attachés à soutenir ou défendre la doctrine de Jansénius et à combattre l’autorité du