Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/256

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Il leur faut dire que ce livre prédit la venue d’un Média teur et d’un Sauveur ; et que toute la religion de ce peuple consistait à l’attendre et à le figurer par toutes les cérémo nies. Que la venue de ce Sauveur a été annoncée par une suite de prophètes miraculeux, qui sont venus de temps en temps pour avertir le monde de sa venue, et qui en ont marqué le temps, avec les principales circonstances de sa vie et de sa mort. Qu’il est venu ensuite lui-même dans le temps prédit ; mais qu’il a été méconnu par les Juifs ; parce que les prophètes ayant prédit deux avènements de ce Sauveur, l’un dans l’hu milité et dans la bassesse, l’autre dans l’éclat et dans la gloire, l’amour que les Juifs avaient pour les grandeurs de la terre a fait qu’ils ne se sont attachés qu’à ce qui était dit de l’avè nement glorieux du Messie ; ce qui les a empêchés de le reconnaître dans son avènement de bassesse et d’humilité. Il leur faut faire comprendre les raisons de cette conduite de Jésus-Christ, et leur expliquer les merveilles de sa vie, la certitude de sa résurrection, pour laquelle tous ceux qui en ont été témoins se sont fait martyriser ; les miracles des apôtres, la ruine de Jérusalem prédite par Jésus-Christ, la punition horrible des Juifs, la conversion des peuples, en sorte qu’en moins de cent cinquante ans la foi de Jésus-Christ était déjà répandue par tout le monde, et parmi les nations les plus barbares, comme saint Justin le remarque expressé ment dans son dialogue contre Tryphon ; et enfin la force admirable de cette religion, qui a subsisté et s’est accrue nonobstant les cruautés inouïes que les hommes ont exercées pour la détruire.

Toutes ces choses étant imprimées de bonne heure dans l’es prit des enfants, les rendent incapables d’être touchés des dis cours des libertins, et leur font connaître qu’ils ne vien nent que d’ignorance et d’aveuglement.

Il vient de paraître un livre en public, dont ce discours nest que l’abrégé, qui est peut-être l’un des plus utiles que l’on puisse mettre entre les mains des princes qui ont de l’esprit. C’est le recueil des Pensées de M. Pascal. Outre l’avantage incompa rable qu’on en peut tirer pour les affermir dans la véritable religion par des raisons qui leur paraîtront d’autant plus solides, qu’ils les approfondiront davantage, et qui laissent cette impres sion très utile, qu’il n’y a rien de plus ridicule que de faire