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LETTRE DE M. DE TILLEMONT. ccxux

permet pas de recevoir avec indifférence ce qui vient de sa main. Vous savez qu’il y a bien des années que je fais pro fession d’honorer, ou plutôt d’admirer les dons tout extraor dinaires de la nature et de la grâce qui paraissaient en feu M. Pascal. Il faut néanmoins que je vous avoue, Monsieur, que je n’en avais pas encore l’idée que je devais. Ce dernier écrit a surpassé ce que j’attendais d’un esprit que je croyais le plus grand qui eût paru en notre siècle ; et si je n’ose pas dire que saint Augustin aurait eu peine à égaler ce que je vois par ces fragments que M. Pascal pouvait faire, je ne saurais dire qu’il eût pu le surpasser ; au moins je ne vois que ces deux que l’on puisse comparer l’un à l’autre

Je vous avoue encore une fois que je reconnais M. Pas cal tout autrement éminent dans ses fragments que dans ce que j’en avais reconnu jusqu’ici. Je sais bien que les petites lettres seront toujours un chef-d’œuvres inimitables, et peut être qu’elles ne me paraissent inférieures que parce que je ne suis pas capable d’en pénétrer les beautés ; mais peut-être aussi que la matière y fait quelque chose, et qu’un écrit fait pour des personnes ordinaires doit presque paraître ordinaire. Quoi qu’il en soit, on voit ici un homme qui, embrassant le sujet le plus vaste et le plus élevé qui soit au monde, paraît encore élevé au-dessus de sa matière, et se jouer d’un far deau qui étonnerait et accablerait tous les autres. Que s’il parait tel dans des fragments détachés et qui ne contiennent presque rien de ce qu’il avait de plus grand dans l’esprit, que peut-on concevoir de l’ouvrage entier, si Dieu nous avait accordé la grâce de le voir en sa perfection ? Je n’oserais dire que cela me fait regretter tout de nouveau la mort d’un homme capable de rendre à l’Église un service si signalé, puisque M. Pascal veut qu’on mette au nombre des péchés ces sortes de désirs contraires en quelque sorte à la disposi tion de Dieu. Néanmoins saint Augustin n’est pas, ce semble, si rigoureux, il accorde qu’il y a des choses que Dieu veut,


de nos amis ; MM. Toisnard et Mesnard, le P. de l’Age, MM. Touret et de Caumartin, M mc de Saint-Loup. Nous ne savons s’il en faut donner à P.-R. des Champs : si cela était, ce serait à MM. de Sacy ? de Sainte-Marthe et de Tillemont. »