Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/353

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bles d’en être touchées : sa violence plaît à notre amour-propre, qui forme aussitôt un désir de causer les mêmes effets, que Ton voit si bien représentés ; et l’on se fait en même temps une conscience fondée sur l’honnêteté des sentiments qu’on y voit, qui ôtent la crainte des âmes pures, qui s’imaginent que ce n’est pas blesser la pureté, d’aimer d’un amour qui leur semble si sage.

Ainsi Ton s’en va de la comédie le cœur si rem pli de toutes les beautés et de toutes les douceurs de l’amour, et l’âme et l’esprit si persuadés de son innocence, qu’on est tout préparé à recevoir ses premières impressions, ou plutôt à chercher l’occa sion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mêmes plaisirs et les mêmes sacri fices que l’on a vus si bien dépeints dans la comé die.

123] 12

Scaramouche*, qui ne pense qu’à une chose.


i. Conscience au sens de ce passage de Bourdaloue cité parLittré : « On se fait aisément de fausses consciences : on étouffe tous les remords du péché. »

12

Cf. B., 34a ; C, 396 ; Faug., I, a5 9 ; Hav., XXV, 7 4 ; Mot., î, 4 7 ; Mich., 3l7.

2. Le Scaramouche c’est Tiberio Fiorelli ; il vint à Paris en 16^0 et y resta jusqu’au commencement de la Fronde, puis revint en 1653 au Petit-Bourbon (c’est le moment où l’on peut supposer que Pascal le vit) jusqu’en 165ç) ; il jouait la comedia dell’ arte dont le Docteur est un personnage traditionnel.