Page:Œuvres de Chaulieu (Pissot 1777) - Tome 1.djvu/157

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Tu crois qu’avec avidité,
Déjà l’Amour-propre enchanté
Avale la délicatesse
D’un poison si bien apprêté :
Je sens, malgré ma vanité,
Que je dois à ta politesse
Beaucoup plus qu’à la vérité.
Il faut avouer sa foiblesse,
J’en conviens, puisque tu le veux.
Né sensible & voluptueux,
Source où tous mes défauts ont pris leur origine ;
Soit bien traité, soit malheureux,
J’ai vécu souvent amoureux ;
Toujours d’humeur si libertine
Dans l’engagement que j’ai pris,
Qu’au mépris des Pasteurs fidelles
Mon amour eut toujours des aîles
Aussi bonnes du moins que celui de Cloris.
Ovide, que je pris pour Maître,
M’apprit qu’il faut être fripon ;
Abbé, c’est le seul moyen d’être
Autant aimé que fut Nason :
Catulle m’en fit la leçon.
Pour Tibulle, il étoit si bon,
Que je crois qu’il auroit dû naître
Sur les rivages du Lignon ;