Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/223

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sible qu’ils n’en aient point reconnu plus facilement le souverain Seigneur ? et aux Romains, chap. I, il est dit qu’ils sont inexcusables ; et encore au même endroit, par ces paroles, Ce qui est connu de Dieu est manifeste dans eux, il semble que nous soyons avertis que tout ce qui se peut savoir de Dieu peut être montré par des raisons qu’il n’est pas besoin de tirer d’ailleurs que de nous-mêmes et de la simple considération de la nature de notre esprit. C’est pourquoi j’ai cru qu’il ne seroit pas contre le devoir d’un philosophe si je faisois voir ici comment et par quelle voie nous pouvons, sans sortir de nous-mêmes, connoître Dieu plus facilement et plus certainement que nous ne connoissons les choses du monde.

Et, pour ce qui regarde l’âme, quoique plusieurs aient cru qu’il n’est pas aisé d’en connoître la nature, et que quelques uns aient même osé dire que les raisons humaines nous persuadoient qu’elle mouroit avec le corps, et qu’il n’y avoit que la seule foi qui nous enseignât le contraire, néanmoins, d’autant que le concile de Latran, tenu sous Léon X, en la session 8, les condamne, et qu’il ordonne expressément aux philosophes chrétiens de répondre à leurs arguments, et d’employer toutes les forces de leur esprit pour faire connoître la vérité, j’ai bien osé l’entreprendre dans cet écrit. De plus, sachant que la principale