Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/293

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telle puissance résidoit en moi, certes je devrois à tout le moins le penser, et en avoir connoissance ; mais je n’en ressens aucune dans moi, et par là connois évidemment que je dépends de quelque être différent de moi.

Mais peut-être que cet être-là duquel je dépends n’est pas Dieu, et que je suis produit ou par mes parents, ou par quelques autres causes moins parfaites que lui ? Tant s’en faut, cela ne peut être : car, comme j’ai déjà dit auparavant, c’est une chose très évidente qu’il doit y avoir pour le moins autant de réalité dans la cause que dans son effet ; et partant, puisque je suis une chose qui pense, et qui ai en moi quelque idée de Dieu, quelle que soit enfin la cause de mon être, il faut nécessairement avouer qu’elle est aussi une chose qui pense et qu’elle a en soi l’idée de toutes les perfections que j’attribue à Dieu. Puis l’on peut derechef rechercher si cette cause tient son origine et son existence de soi-même, ou de quelque autre chose. Car si elle la tient de soi-même, il s’ensuit, par les raisons que j’ai ci-devant alléguées, que cette cause est Dieu ; puisque ayant la vertu d’être et d’exister par soi, elle doit aussi sans doute avoir la puissance de posséder actuellement toutes les perfections dont elle a en soi les idées, c’est-à-dire toutes celles que je conçois être en Dieu. Que si elle tient son existence de quelque