Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/394

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été nécessaire de l’entendre autrement pour la vérité des choses que j’ai avancées, comme on verra facilement, si on prend garde que je n’ai dit cela qu’en deux endroits, en l’un desquels il étoit question de savoir si quelque chose de réel étoit contenu dans l’idée que nous formons de Dieu, ou bien s’il n’y avoit qu’une négation de chose (ainsi qu’on peut douter si, dans l’idée du froid, il n’y a rien qu’une négation de chaleur), ce qui peut aisément être connu, encore qu’on ne comprenne pas l’infini. Et en l’autre j’ai maintenu que l’existence n’appartenoit pas moins à la nature de l’être souverainement parfait, que trois côtés appartiennent à la nature du triangle : ce qui se peut aussi assez entendre sans qu’on ait une connoissance de Dieu si étendue qu’elle comprenne tout ce qui est en lui.

Il compare ici[1] derechef un de mes arguments avec un autre de saint Thomas, afin de m’obliger en quelque façon de montrer lequel des deux a le plus de force. Et il me semble que je le puis faire sans beaucoup d’envie, parceque saint Thomas ne s’est pas servi de cet argument comme sien, et il ne conclut pas la même chose que celui dont je me sers ; et, enfin, je ne m’éloigne ici en aucune façon de l’opinion de cet angélique docteur. Car on lui demande, savoir, si la connoissance de l’existence de Dieu est si naturelle à l’esprit humain qu’il ne

  1. Voyez Objections, page 365