Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/44

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tion. Je ne peindrai point ces trois éléments si connus, formés par des millions de particules entassées, qui se heurtent, se froissent et se brisent ; ces éléments emportés d’un mouvement rapide autour de divers centres, et marchant par tourbillons ; la force centrifuge qui naît du mouvement circulaire ; chaque élément qui se place à différentes distances, à raison de sa pesanteur ; la matière la plus déliée qui se précipite vers les centres et y va former des soleils ; la plus massive rejetée vers les circonférences ; les grands tourbillons qui engloutissent les tourbillons voisins trop foibles pour leur résister, et les emportent dans leurs cours ; tous ces tourbillons roulant dans l’espace immense, et chacun en équilibre, à raison de leur masse et de leur vitesse. C’est au physicien plutôt qu’à l’orateur à donner l’idée de ce système, que l’Europe adopta avec transport, qui a présidé si long-temps au mouvement des cieux, et qui est aujourd’hui tout-à-fait renversé. En vain les hommes les plus savants du siècle passé et du nôtre, en vain les Huygens, les Bulfinger, les Malebranche, les Leibnitz, les Kircher et les Bernoulli ont travaillé à réparer ce grand édifice ; il menaçoit ruine de toutes parts, et il a fallu l’abandonner. Gardons-nous cependant de croire que ce système, tel qu’il est, ne soit pas l’ouvrage d’un génie extraordinaire. Personne encore n’avoit conçu une machine aussi