Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/101

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en certaines parties auxquelles il n’a point coutume d’être touché ; et que ces parties étant plus tendres ou moins fermes que celles qu’une agitation fréquente a endurcies, cela augmente l’effet des mouvements qu’ils y excitent. Ce qu’on ne trouvera pas incroyable si l’on considère que c’est une pareille raison qui fait que les plantes de nos pieds, étant accoutumées à un attouchement assez rude par la pesanteur du corps qu’elles portent, nous ne sentons que fort peu cet attouchement quand nous marchons ; au lieu qu’un autre beaucoup moindre et plus doux dont on les chatouille nous est presque insupportable à cause seulement qu’il ne nous est pas ordinaire.

Art. 73. Ce que c’est que l’étonnement.

Et cette surprise a tant de pouvoir pour faire que les esprits qui sont dans les cavités du cerveau y prennent leur cours vers le lieu où est l’impression de l’objet (383) qu’on admire, qu’elle les y pousse quelquefois tous, et fait qu’ils sont tellement occupés à conserver cette impression, qu’il n’y en a aucuns qui passent de là dans les muscles, ni même qui se détournent en aucune façon des premières traces qu’ils ont suivies dans le cerveau : ce qui fait que tout le corps demeure immobile