Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/107

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De la distinction qu’on a coutume de faire entre l’amour de concupiscence et de bienveillance.

Or, on distingue communément deux sortes d’amour, l’une desquelles est nommée amour de bienveillance, c’est-à-dire qui incite à vouloir du bien à ce qu’on aime ; l’autre est nommée amour de concupiscence, c’est-à-dire qui fait désirer la chose qu’on aime. Mais il me semble que cette distinction regarde seulement les effets de l’amour, et non point son essence ; car sitôt qu’on s’est joint de volonté à quelque objet, de quelque nature qu’il soit, on a pour lui de la bienveillance, c’est-à-dire on joint aussi à lui de volonté les choses qu’on croit lui être convenables : ce qui est un des principaux effets de l’amour. Et si on juge que ce soit un bien de le posséder ou d’être associé avec lui d’autre façon que de volonté, on le désire : ce qui est aussi l’un des plus ordinaires effets de l’amour.

Art. 82. Comment des passions fort différentes conviennent en ce qu’elles participent de l’amour.

Il n’est pas besoin aussi de distinguer autant d’espèces d’amour qu’il y a de divers objets qu’on peut aimer ; car, par exemple, encore que les passions