Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/118

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Quelles sont les causes de ces deux passions.

Or, lorsque la joie ou la tristesse intellectuelle excite ainsi celle qui est une passion, leur cause est assez évidente ; et on voit de leurs définitions que la joie vient de l’opinion qu’on a de posséder quelque bien, et la tristesse, de l’opinion qu’on a d’avoir quelque mal ou quelque défaut. Mais il arrive souvent qu’on se sent triste ou joyeux sans qu’on puisse ainsi distinctement remarquer le bien ou le mal qui en sont les causes, à savoir, lorsque ce bien ou ce mal font leurs impressions dans le cerveau sans l’entremise de l’âme, quelquefois à cause qu’ils n’appartiennent qu’au corps, et quelquefois aussi, encore qu’ils appartiennent à l’âme, à cause qu’elle ne les considère pas comme bien et mal, mais sous quelque autre forme dont l’impression est jointe avec celle du bien et du mal dans le cerveau.

Art. 94. Comment ces passions sont excitées par des biens et des maux qui ne regardent que le corps, et en quoi consistent le chatouillement et la douleur.

Ainsi, lorsqu’on est en pleine santé et que le temps est plus serein que de coutume, on sent en