Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais alors les yeux ne suent point, parce que, pendant les exercices du corps, la plupart des esprits allant dans les muscles qui servent à le mouvoir, il en va moins par le nerf optique vers les yeux. Et ce n’est qu’une même matière qui compose le sang pendant qu’elle est dans les veines ou dans les artères, et les esprits lorsqu’elle est dans le cerveau, dans les nerfs ou dans les muscles, et les vapeurs lorsqu’elle en sort en forme d’air, et enfin la sueur ou les larmes lorsqu’elle s’épaissit en eau sur la superficie du corps ou des yeux.

Art. 130. Comment ce qui fait de la douleur à l’œil l’excite à pleurer.

Et je ne puis remarquer que deux causes qui fassent que les vapeurs qui sortent des yeux se changent en larmes. La première est quand la figure des pores par où elles passent est changée par quelque accident que ce puisse être : car cela, retardant le mouvement de ces vapeurs et changeant leur ordre, peut faire qu’elles se convertissent en eau. Ainsi il ne faut qu’un fétu qui tombe dans l’œil pour en tirer quelques larmes, à cause qu’en y excitant de la douleur il change la disposition de ses pores ; en sorte que, quelques-uns devenant plus étroits, les petites parties des vapeurs y passent moins vite, et qu’au lieu qu’elles en sortaient