Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/168

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a sans passion de la valeur de chaque chose, toutefois, à cause que, de ces opinions, il naît souvent des passions auxquelles on n’a point donné de noms particuliers, il me semble que ceux-ci leur peuvent être attribués. Et l’estime, en tant qu’elle est une passion, est une inclination qu’a l’âme à se représenter la (444) valeur de la chose estimée, laquelle inclination est causée par un mouvement particulier des esprits tellement conduits dans le cerveau qu’ils y fortifient les impressions qui servent à ce sujet. Comme, au contraire, la passion du mépris est une inclination qu’a l’âme à considérer la bassesse ou petitesse de ce qu’elle méprise, causée par le mouvement des esprits qui fortifient l’idée de cette petitesse.

Art. 150. Que ces deux passions ne sont que des espèces d’admiration.

Ainsi ces deux passions ne sont que des espèces d’admiration ; car lorsque nous n’admirons point la grandeur ni la petitesse d’un objet, nous n’en faisons ni plus ni moins d’état que la raison nous dicte que nous en devons faire, de façon que nous l’estimons ou le méprisons alors sans passion. Et, bien que souvent l’estime soit excitée en nous par l’amour, et le mépris par la haine, cela n’est pas universel et ne vient que de ce qu’on est plus ou