Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LE MONDE,


OU


TRAITÉ DE LA LUMIÈRE.


Séparateur


CHAPITRE PREMIER.


DE LA DIFFÉRENCE QUI EST ENTRE NOS SENTIMENTS ET LES CHOSES QUI LES PRODUISENT.


Me proposant de traiter ici de la lumière, la première chose dont je veux vous avertir est qu’il peut y avoir de la différence entre le sentiment que nous en avons, c’est-à-dire l’idée qui s’en forme en notre imagination par l’entremise de nos yeux, et ce qui est dans les objets qui produit en nous ce sentiment, c’est-à-dire ce qui est dans la flamme ou dans le soleil qui s’appelle du nom de lumière : car, encore que chacun se persuade communément que les idées que nous avons en notre pensée sont entièrement semblables aux objets dont elles procèdent, je ne vois point toutefois de raison qui nous assure que cela soit ; mais je remarque au con-