Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

parties-là le pressent ou l’agitent davantage, et que, selon la diversité des parties desquelles il vient le plus, il se dilate diversement dans le cœur, et ensuite produit des esprits qui ont des qualités différentes. Ainsi, par exemple, celui qui vient de la partie inférieure du foie, où est le fiel, (341) se dilate d’autre façon dans le cœur que celui qui vient de la rate, et celui-ci autrement que celui qui vient des veines des bras ou des jambes, et enfin celui-ci tout autrement que le suc des viandes, lorsque, étant nouvellement sorti de l’estomac et des boyaux, il passe promptement par le foie jusques au cœur.


Art. 16. Comment tous les membres peuvent être mus par les objets des sens et par les esprits sans l’aide de l’âme.

Enfin il faut remarquer que la machine de notre corps est tellement composée que tous les changements qui arrivent au mouvement des esprits peuvent faire qu’ils ouvrent quelques pores du cerveau plus que les autres, et réciproquement que, lorsque quelqu’un de ces pores est tant soit peu plus ou moins ouvert que de coutume par l’action des nerfs qui servent aux sens, cela change quelque chose au mouvement des esprits, et fait qu’ils sont conduits dans les muscles qui servent à mouvoir le corps en la façon qu’il est ordinairement mû à