Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/167

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sont les organes de l’attouchement ; et que lorsqu’elles les agitent plus fort que de coutume, cela cause en nous le sentiment de la chaleur, au lieu que, lorsqu’elles les agitent moins fort, cela cause le sentiment de la froideur. Et il est bien aisé à comprendre qu’encore que cette matière subtile ne sépare pas les parties des corps durs, qui sont comme des branches entrelacées, en même façon qu’elle fait celle de l’eau, et de tous les autres corps qui sont liquides, elle ne laisse pas de les agiter et faire trembler plus ou moins selon que son mouvement est plus ou moins fort, et que ses parties sont plus ou moins grosses ; ainsi que le vent peut agiter toutes les branches des arbrisseaux dont une palissade est composée, sans les ôter pour cela de leurs places. Au reste, il faut penser qu’il y a telle proportion entre la force de cette matière subtile et la résistance des parties des autres corps, que lorsqu’elle est autant agitée, et qu’elle n’est pas plus subtile qu’elle a coutume d’être en ces quartiers contre la terre, elle a la force d’agiter et de faire mouvoir séparément l’une de l’autre, et même de plier la plupart des petites parties de l’eau entre lesquelles elle se glisse, et ainsi de la rendre liquide ; mais que, lorsqu’elle n’est pas plus agitée ni moins subtile qu’elle a coutume d’être en ces quartiers au haut de l’air, ou qu’elle y est quelquefois en hiver contre la