Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/171

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DISCOURS SECOND.

DES VAPEURS ET DES EXHALAISONS.


Si vous considérez que la matière subtile qui est dans les pores des corps terrestres, étant plus fort agitée une fois que l’autre, soit par la présence du soleil, soit par telle autre cause que ce puisse être, agite aussi plus fort les petites parties de ces corps, vous entendrez facilement qu’elle doit faire que celles qui sont assez petites, et avec cela de telles figures ou en telle situation qu’elles se peuvent aisément séparer de leurs voisines, s’écartent çà et là les unes des autres et s’élèvent en l’air ; non point par quelque inclination qu’elles aient à monter, ou que le soleil ait en soi quelque force qui les attire, mais seulement à cause qu’elles ne trouvent point d’autre lieu dans lequel il leur soit si aisé de continuer leur mouvement, ainsi que la poussière d’une campagne se soulève quand elle est seulement poussée et agitée par les pieds de quelque passant. Car, encore que les grains de cette poussière soient beaucoup plus gros et plus