Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/173

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sont propres qu’à composer le corps de l’air. Pour celles qui, étant un peu plus grossières, sont aussi divisées en branches, il est vrai qu’elles ne peuvent guère sortir d’elles-mêmes des corps durs où elles se trouvent ; mais si quelquefois le feu s’éprend en ces corps, il les en chasse toutes en fumée. Et aussi, lorsque l’eau se glisse dans leurs pores, elle peut souvent les en dégager et les emporter en haut avec soi, en même façon que le vent, passant au travers d’une haie, emporte les feuilles ou les pailles qui se trouvent entrelacées entre ses branches ; ou plutôt comme l’eau même emporte vers le haut d’un alambic les petites parties de ces huiles que les alchimistes ont coutume de tirer des plantes sèches, lorsque les ayant abreuvées de beaucoup d’eau ils distillent le tout ensemble, et font par ce moyen que le peu d’huile qu’elles contiennent monte avec la grande quantité d’eau qui est parmi ; car, en effet, la plupart de celles-ci sont toutes les mêmes qui ont coutume de composer les corps de ces huiles. Remarquez aussi que les vapeurs occupent toujours beaucoup plus d’espace que l’eau, bien qu’elles ne soient faites que des mêmes petites parties. Dont la raison est que, lorsque ces parties composent le corps de l’eau, elles ne se meuvent qu’assez fort pour se plier et s’entrelacer en se glissant les unes contre les autres, ainsi que vous les voyez représentées