Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pesanteur ne les sépare. D’où vient que le sel se fond aisément en l’eau douce, ou seulement étant exposé à l’air en temps humide, et néanmoins qu’il ne s’en fond en une quantité d’eau déterminée que jusques à une quantité déterminée, à savoir autant que les parties pliantes de cette eau peuvent embrasser des siennes en se roulant autour d’elles. Et sachant que les corps qui sont transparents le sont d’autant plus qu’ils empêchent moins les mouvements de la matière subtile qui est dans leurs pores, on voit encore de ceci que l’eau de la mer doit être naturellement plus transparente et causer des réfractions un peu plus grandes que celles des rivières. Et on voit aussi qu’elle ne se doit pas geler si aisément, en sachant que l’eau ne se gèle que lorsque la matière subtile qui est entre ses parties n’a pas la force de les agiter ; et même on peut encore ici entendre la raison du secret pour faire de la glace en été, qui est l’un des plus beaux que sachent les curieux, encore qu’il ne soit pas des plus rares. Ils mettent du sel mêlé avec égale quantité de neige ou de glace pilée tout autour d’un vase plein d’eau douce ; et, sans autre artifice à mesure que ce sel et cette neige se fondent ensemble, l’eau qui est enfermée dans le vase devient glace. Dont la raison est que la matière subtile qui étoit autour des parties de cette eau, étant plus grossière ou moins subtile, et par conséquent ayant plus de