Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/196

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tres lieux lieux, et aussi que l’espace vide qui demeure au milieu se fait presque rond plutôt que carré. Outre cela, pourceque les parties qui composent ces grains se vont joindre confusément, et sans autre ordre que celui que je viens d’expliquer, il arrive souvent que leurs bouts, au lieu de se toucher, laissent entre eux assez d’espace pour placer quelques parties de l’eau douce, qui s’y enferment et y demeurent pliées en rond, comme vous voyez vers R[1], pendant qu’elles ne s’y meuvent que moyennement vite; mais lorsqu’une fort violente chaleur les agite, elles tendent avec beaucoup de force à s’étendre et se déplier en même façon qu’il a tantôt été dit qu’elles font quand l’eau se dilate en vapeur, ce qui fait qu’elles rompent leurs prisons tout d’un coup et avec éclat. Et c’est la raison pourquoi les grains de sel étant entiers se brisent en sautant et pétillant quand on les jette dans le feu, et pourquoi ils ne font point le même étant mis en poudre, car alors ces petites prisons sont déjà rompues. De plus, l’eau de la mer ne peut être si purement composée des parties que j’ai décrites qu’il ne s’y en rencontre aussi quelques autres parmi qui sont de telle figure qu’elles ne laissent pas de pouvoir y demeurer encore qu’elles soient beaucoup plus déliées, et qui, s’allant engager entre les parties du sel lorsqu’il se forme,

  1. Figure 7.