Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/201

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et pourceque ce vent artificiel nous peut beaucoup aider à entendre quels sont les naturels, il sera bon ici que je l’explique. ABCDE[1] est une boule de cuivre, ou autre telle matière, toute creuse et toute fermée, excepté qu’elle a une fort petite ouverture en l’endroit marqué D ; et la partie de cette boule ABC, étant pleine d’eau, et l’autre AEC étant vide, c’est—à—dire ne contenant que de l’air, on la met sur le feu ; puis la chaleur agitant les petites parties de l’eau, fait que plusieurs s’élèvent au-dessus de la superficie AC, où elles s’étendent et s’entre-poussent en tournoyant, et font effort pour s’écarter les unes des autres, en la façon ci—dessus expliquée ; et pourcequ’elles ne peuvent ainsi s’écarter qu’à mesure, qu’il en sort quelques unes par le trou D, toutes les forces dont elles s’entre-poussent conspirent ensemble à chasser par là toutes celles qui en sont les plus proches, et ainsi elles causent un vent qui souffle de là vers F. Et pourcequ’il y a toujours de nouvelles parties de cette eau qui, étant élevées par la chaleur au-dessus de cette superficie AC, s’étendent et s’écartent l’une de l’autre à mesure qu’il en sort par le trou D, ce vent ne cesse point que toute l’eau de cette boule ne soit exhalée, ou bien que la chaleur qui la fait exhaler n’ait cessé. Or les vents ordinaires qui règnent en l’air se font à peu près en même façon que

  1. Figure 8.