Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/221

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peur à mesure qu’elles se plient et s’entassent plusieurs ensemble sans leur donner le loisir de s’unir assez parfaitement pour former des gouttes : et ainsi il en fait de petits nœuds ou pelotons de glace qui sont tout blancs, à cause qu’ils sont composés de plusieurs filets qui ne laissent pas d’être séparés et d’avoir chacun leurs superficies distinctes, encore qu’ils soient pliés l’un sur l’autre : et ces nœuds sont comme velus ou couverts de poils tout à l’entour, à cause qu’il y a toujours plusieurs parties de la vapeur qui, ne pouvant se plier et s’entasser sitôt que les autres, s’appliquent toutes droites contre eux et composent les petits poils qui les couvrent : et, selon que ce froid vient plus lentement ou plus à coup, et que la vapeur est plus épaisse ou plus rare, ces nœuds se forment plus gros ou plus petits, et les poils ou filets qui les environnent plus forts et plus courts, ou plus déliés et plus longs.

Et vous pouvez voir de ceci qu’il y a toujours deux choses qui sont requises pour convertir les vapeurs en eau ou en glace, à savoir que leurs parties soient assez proches pour s’entre-toucher, et qu’il y ait autour d’elles assez de froideur pour faire qu’en s’entre-touchant elles se joignent et s’arrêtent les unes aux autres. Car ce ne seroit pas assez que leur froideur fût très grande, si elles étoient éparses en l’air si loin à loin qu’elles ne