Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/230

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DISCOURS SIXIÈME.

DE LA NEIGE, DE LA PLUIE, ET DE LA GRÊLE.


Il y a plusieurs choses qui empêchent communément que les nues ne descendent incontinent après être formées ; car, premièrement, les parcelles de glace ou les gouttes d’eau dont elles sont composées étant fort petites, et par conséquent ayant beaucoup de superficie à raison de la quantité de leur matière, la résistance de l’air qu’elles auroient à diviser, si elles descendoient, peut aisément avoir plus de force pour les en empêcher que n’en a leur pesanteur pour les y contraindre ; puis les vents, qui sont d’ordinaire plus forts contre la terre, où leur corps est plus grossier, qu’en haut de l’air, où il est plus subtil, et qui pour cette cause agissent plus de bas en haut que de haut en bas, peuvent non seulement les soutenir, mais souvent aussi les faire monter au-dessus de la région de l’air où elles se trouvent. Et le même peuvent encore les vapeurs qui, sortant de la terre ou venant de quelque autre côté, font enfler l’air qui est sous elles ; ou aussi la seule chaleur de cet air, qui en le dilatant les