Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/266

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en la chimie. Mais tous ces feux ont fort peu de force à comparaison de la foudre, dont la raison est qu’ils ne sont composés que des plus molles et plus gluantes parties des huiles, nonobstant que les plus vives et plus pénétrantes des sels concourent ordinairement aussi à les produire ; car celles-ci ne s’arrêtent pas pour cela parmi les autres, mais s’écartent promptement en l’air libre après qu’elles les ont embrasées ; au lieu que la foudre est principalement composée de ces plus vives et pénétrantes, qui étant fort violemment pressées et chassées par les nues, emportent les autres avec soi jusqu’à terre. Et ceux qui savent combien le feu du salpêtre et du soufre mêlés ensemble a de force et de vitesse, au lieu que la partie grasse du soufre étant séparée de ses esprits en auroit fort peu, ne trouveront en ceci rien de douteux. Pour la durée des feux qui s’arrêtent ou voltigent autour de nous, elle peut être plus ou moins longue, selon que leur flamme est plus ou moins lente, et leur matière plus ou moins épaisse et serrée ; mais pour celle des feux qui ne se voient qu’au haut de l’air, elle ne sauroit être que fort courte, à cause que, si leur matière n’étoit fort rare, leur pesanteur les feroit descendre. Et je trouve que les philosophes ont eu raison de les comparer à cette flamme qu’on voit courir tout du long de la fumée qui sort d’un flambeau qu’on vient d’éteindre, lorsque étant ap-