Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/291

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grand nombre, la matière subtile étant repoussée vers nous par les premières, en rencontre d’autres après qui font rouler et tournoyer ses petites parties avant qu’elles parviennent à nous ; ce qui fait alors paroître le ciel blanc, au lieu que si elle n’en rencontre pas assez pour faire ainsi tournoyer ses parties, il ne doit paroître que bleu, suivant ce qui a été tantôt dit de la nature de la couleur bleue. Et c’est la même cause qui fait aussi que l’eau de la mer, aux endroits où elle est fort pure et fort profonde, semble être bleue ; car il ne se réfléchit de sa superficie que peu de rayons, et aucun de ceux qui la pénètrent ne revient. De plus, on peut ici entendre pourquoi souvent, quand le soleil se couche ou se lève, tout le côté du ciel vers lequel il est paroît rouge ; ce qui arrive lorsqu’il n’y a point tant de nues ou plutôt de brouillards entre lui et nous que sa lumière ne puisse les traverser, mais qu’elle ne les traverse pas si aisément tout contre la terre qu’un peu plus haut, ni si aisément un peu plus haut que beaucoup plus haut ; car il est évident que cette lumière, souffrant réfraction dans ces brouillards, détermine les parties de la matière subtile qui la transmettent à tournoyer en même sens que feroit une boule qui viendroit du même côté en roulant sur terre ; de façon que le tournoiement des plus basses est toujours augmenté par l’action de celles qui