Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/468

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chantent un même air, dont l’une a la voix plus haute d’une octave que l’autre, ce qui ne se fait pas avec la quinte ; et partant, il semble que l’octave ayant cet avantage par-dessus la quinte, mérite aussi d’être appelée la plus agréable de toutes les consonnances ;

Néanmoins je réponds que cette objection ne sert que pour appuyer notre sentiment, bien loin de l’ébranler : car si l’octave a cette propriété, c’est parcequ’elle renferme l’unisson, et alors les deux voix sont entendues comme une seule, ce qui n’arrive pas dans la quinte, dont les termes diffèrent entre eux davantage, et partant remplissent aussi plus l’oreille ; c’est pourquoi l’on s’en dégoûteroit aisément si on s’en servoit dans les chansons sans y mêler d’autres accords, ce que j’appuie d’un exemple assez familier : ainsi nous nous dégoûterions bien plus tôt si nous ne mangions que du sucre, ou d’autres semblables friandises, que si nous ne mangions que du pain, que tout le monde avoue pourtant n’être pas si agréable au goût que ces choses.

DE LA QUARTE.

Cette consonnance est la plus malheureuse de toutes, et jamais on ne la fait entrer dans la musique, si ce n’est par accident et avec l’appui des autres, non qu’elle soit plus imparfaite que la