Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/469

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tierce mineure ou que la sexte mineure, mais parcequ’elle approche si fort de la quinte, qu’elle perd toute sa grâce en comparaison d’elle.

Pour comprendre ces choses, il faut remarquer qu’on n’entend jamais une quinte dans la musique, qu’on n’entende aussi en quelque façon la quarte plus haute : ce qui suit de ce que nous avons dit à l’occasion de l’unisson, qu’avec lui on a coutume d’entendre un son plus élevé d’une octave. Car, par exemple, que AC (fig. 9) soit distant de DB d’une quinte, et que EF en soit la résonnance plus élevée d’une octave, EF sera sans doute distante de BD d’une quarte, et c’est d’où vient que la quarte, qui accompagne toujours la quinte, en peut être appelée comme l’ombre.

De là aussi il est aisé de juger pourquoi la quarte n’a pas lieu d’elle-même dans la musique, et qu’elle ne se met point entre la basse et une autre partie ; car, ayant déjà dit que les autres accords ne servent dans la musique qu’à varier la quinte, sans doute que la quarte, qui en est l’ombre, sera absolument inutile à cet effet, puisqu’elle ne la varie point : car si on se servoit de la quarte contre la basse, alors la quinte, comme plus haute, résonnéroit toujours, et feroit que l’oreille jugeroit bien qu’elle est hors de sa place et mise en une plus basse, ce qui lui rendroit la quarte tout-à-fait désagréable, comme lui ayant été présentée