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DISCOURS SIXIÈME. 67

et ces miroirs détournent les rayons qui viennent de ces objets en telle sorte que ces yeux ne les peuvent voir distinctement qu’en se disposant comme ils doivent être pour regarder vers les points G, H, I, K, L, M, ainsi que connoîtront facilement ceux qui prendront la peine de l’examiner ; et ils verront, par même moyen, combien les anciens se sont abusés en leur catoptrique, lorsqu’ils ont voulu déterminer le lieu des images dans les miroirs creux et convexes. Il est aussi à remarquer que tous les moyens qu’on a pour connoître la distance sont fort incertains ; car, quant à la figure de l’œil, elle ne varie quasi plus sensiblement lorsque l’objet est à plus de quatre ou cinq pieds loin de lui ; et même elle varie si peu lorsqu’il est plus proche, qu’on n’en peut tirer aucune connoissance bien précise. Et pour les angles compris entre les lignes tirées des deux yeux l’un à l’autre et de là vers l’objet, ou de deux stations d’un même objet, ils ne varient aussi presque plus lorsqu’on regarde tant soit peu loin ; ensuite de quoi notre sens commun même ne semble pas être capable de recevoir en soi l’idée d’une distance plus grande qu’environ de cent ou deux cents pieds, ainsi qu’il se peut vérifier de ce que la lune et le soleil, qui sont du nombre des corps les plus éloignés que nous puissions voir, et dont les diamètres sont à leur distance à peu près comme un à cent, n’ont coutume