Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/81

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soin, pour choisir les plus propres à notre dessein, que nous prenions encore garde principalement à deux conditions, dont la première est, que ces figures soient les plus simples et les plus aisées à décrire et à tailler qu’il sera possible ; et la seconde, que par leur moyen les rayons qui viennent des autres points de l’objet, comme EE, entrent dans l’œil à peu près de même que s’ils venoient d’autant d’autres points, comme FF : et notez que je dis seulement ici à peu près, non autant qu’il est possible ; car, outre qu’il seroit peut-être assez malaisé à déterminer par géométrie, entre une infinité de figures qui peuvent servir à ce même effet, celles qui y sont exactement les plus propres, il seroit entièrement inutile, à cause que l’œil même ne faisant pas que tous les rayons qui viennent de divers points s’assemblent justement en autant d’autres divers points, elles ne seroient pas sans doute pour cela les plus propres à rendre la vision bien distincte ; et il est impossible en ceci de choisir autrement qu’à peu près, à cause que la figure précise de l’œil ne nous peut être connue. De plus, nous aurons toujours à prendre garde, lorsque nous appliquerons ainsi quelque corps au-devant de nos yeux, que nous imitions, autant qu’il sera possible, la nature en toutes les choses que nous voyons qu’elle a observées en les construisant, et que nous ne perdions aucun des avantages qu’elle nous